Les monologues sont au cœur même du théâtre. Lorsqu'un personnage d'assassin fait un monologue, il prend tout le contrôle de la scène ou de l'écran pour mettre son cœur à nu et déverser toute la haine qu'il contient. Il peut aussi nous faire rire. Les bons monologues sont souvent les scènes les plus marquantes de nos films ou de nos pièces préférés. Ce sont les moments où les acteurs peuvent faire éclater leur talent et être au sommet de leur art. Si vous cherchez à écrire un monologue dans le cadre d'une pièce de théâtre ou d'un scénario de film, vous apprendrez ici comment bien les placer et comment trouver le ton juste. Consultez les étapes suivantes pour plus d'informations.
Étapes
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Analysez des monologues célèbres. Les monologues sont parfois utilisés dans les tragédies pour donner de la profondeur aux personnages, comme avec le célèbre monologue « être ou ne pas être » de Hamlet ou celui de Quint qui offre sa vision déchirante de la Seconde Guerre mondiale dans les Dents de la mer. Les monologues nous donnent des clés pour comprendre les motivations et l'état d'esprit des personnages. Il s'agit moins d'un épisode de l'intrigue (même s'il doit toujours permettre la progression de l'intrigue) que de l'étude d'un personnage qui a lieu à voix haute. Apprenez peu à peu à mieux connaitre les grands monologues classiques du théâtre et du cinéma pour voir les différentes formes qu'ils peuvent prendre. Les passages obligés sont les suivants.
- L'argumentaire de vente qui ouvre la pièce « Glengarry Glen Ross » de David Mamet
- Le monologue de Hamlet.
- Le monologue « J'aurais pu être quelqu'un » dans « Sur les quais ».
- Le monologue « J'ai mangé les papiers du divorce », dans « Au revoir, Charles » de Gabriel Davis.
- Le monologue de Macha, « Je te dis cela parce que tu es écrivain » dans « La mouette », de Tchekhov.
- Le monologue de Bill, le boucher, drapé dans le drapeau américain, dans « Gangs of New York », sur les hommes d'honneur.
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Placez les monologues au bon moment. Les pièces de théâtre et les scénarios de film sont faits d'un enchainement complexe de dialogues, d'actions et de silences. Il vous faudra un peu d'entrainement pour savoir quel est le bon moment pour placer un monologue. Vous devez avant tout savoir quelles seront les grandes lignes de l'action et avoir bien caractérisé les personnages avant de pouvoir commencer à penser aux monologues. Ils s'imposeront d'eux-mêmes au moment où le scénario l'exigera.
- Les monologues sont parfois utilisés pour présenter certains personnages, alors que dans d'autres cas, ils permettront de donner la parole à un personnage taciturne pour changer la façon dont il est perçu par le public.
- En règle générale, les moments qui correspondent à un bouleversement, lorsqu'un personnage doit annoncer quelque chose à un autre par exemple, seront propices à l'irruption d'un monologue.
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Apprenez à faire la différence entre un monologue et un soliloque. Pour qu'il s'agisse d'un monologue, il faut qu'au moins un autre personnage soit présent pour entendre le discours. Si ce n'est pas le cas, il s'agit d'un soliloque. Le soliloque vient du théâtre classique et on le trouve rarement dans les pièces contemporaines. Il est cependant parfois encore utilisé pour des pièces avec un seul personnage ou dans le théâtre expérimental.
- Les monologues intérieurs et les voix off appartiennent à une autre catégorie du discours théâtral, ils sont plutôt adressés au public, contrairement au monologue. Pour qu'un monologue ait du sens, il faut que d'autres personnages l'entendent : l'interaction qui a lieu est l'objectif principal du monologue ou sa cause.
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Servez-vous toujours des monologues pour montrer un changement chez un personnage. Lorsque l'un des personnages traverse une crise existentielle ou qu'il change radicalement d'avis sur la situation, un monologue peut être opportun. Le fait de lui permettre d'ouvrir son cœur et de laisser parler ses émotions fera avancer l'intrigue et sera utile au spectateur.
- Même si le personnage n'a pas radicalement changé, le simple fait de prendre la parole ouvertement est peut-être déjà en soi un bouleversement. Un monologue bien construit peut permettre à un personnage taciturne de se révéler complètement. Pourquoi a-t-il pris la parole à ce moment-là ? En quoi cela change-t-il la perception que l'on a de lui ?
- Vous pouvez éventuellement faire en sorte que votre personnage évolue au fur et à mesure de son monologue. Si votre personnage se trouve dans une colère noire en commençant le monologue, il peut le terminer en étant hystérique ou en éclatant de rire. S'il le commence en riant, il peut finir sur une note songeuse. Le monologue peut être un tremplin pour le changement.
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Construisez votre monologue avec un début, un milieu, une fin. Étant donné que vous allez interrompre le fil du récit pour donner longuement la parole à un seul personnage, mieux vaut soigner son monologue et le considérer comme une œuvre à part entière, qui doit avoir sa propre structure. S'il raconte une histoire, il faut que son intensité augmente puis qu'elle retombe. S'il s'agit d'une diatribe, elle doit se transformer en quelque chose d'autre. S'il s'agit d'une supplique, elle doit être de plus en plus implorante au fur et à mesure du discours.
- Un bon monologue doit avoir un début accrocheur pour les spectateurs et pour les autres personnages. Son début doit clairement annoncer que quelque chose d'important commence. Bien sûr, comme tous les bons dialogues, le monologue ne doit pas perdre de temps ou meubler le discours avec des « bonjours », « comment allez-vous ? » : venez-en directement au fait.
- Le monologue doit être à son apogée au milieu du discours. Construisez-le de façon à ce qu'il atteigne une intensité maximum avant de retomber à un niveau de tension moindre, et ce afin que le dialogue entre les personnages puisse se poursuivre ou que vous y mettiez totalement fin. C'est à ce moment-là que les détails et le tragique seront les plus visibles et que les changements radicaux auront lieu.
- Le final du monologue doit vous permettre de relancer les dialogues et les intrigues de la pièce. Dans « The Wrestler », à la fin de l'émouvant discours à sa fille, au cours duquel il admet toutes ses faiblesses et sa fatigue, Randy le bélier termine en disant : « Je veux juste que tu ne me détestes pas, OK ? » La tension du monologue s'efface sur cette touche finale.
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Trouvez la voix de votre personnage. Lorsqu'un personnage en vient à s'exprimer longuement dans un monologue, sa voix et le ton qu'il emploie ne doivent pas être des surprises pour le spectateur. Si vous cherchez sa voix au fil de l'écriture, ne le faites pas à l'occasion d'un long monologue crucial pour la pièce, mais plutôt dans d'autres passages du texte [1] X Source de recherche .
- À l'inverse, comme dans les exercices d'écriture libre, vous pouvez laisser votre personnage s'exprimer sur divers sujets pour trouver une voix qui lui soit propre. Dans le roman American Psycho , de Bret Easton Ellis, on trouve plusieurs petits chapitres au cours desquels le personnage principal, Patrick, monologue sur divers aspects de la société de consommation : le matériel hifi, la pop music, les vêtements. On pense qu'à l'origine, Ellis avait simplement écrit ces textes pour esquisser le personnage, mais que par la suite, il a décidé de les inclure dans le roman lui-même.
- Vous pouvez éventuellement faire un portrait de votre personnage ou remplir un questionnaire pour le décrire. Réfléchissez sur votre personnage, y compris sur des détails qui ne seront pas forcément présents dans la pièce (par exemple, la façon dont votre personnage décore sa chambre, le type de musique qu'il écoute, ses habitudes quotidiennes, etc.).
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Utilisez plusieurs tons. Si votre monologue ne se termine pas comme il a débuté, il sera plus tragique, les personnages seront plus convaincants et votre texte sera bien meilleur. Un bon monologue doit être à la fois drôle, poignant, touchant, il ne doit viser aucune émotion en particulier.
- Dans le film Will Hunting , le personnage de Matt Damon fait un magnifique monologue dans lequel il s'en prend à un étudiant d'Harvard désobligeant dans un bar. Bien que son monologue soit à la fois drôle et triomphant, on perçoit également dans ses mots beaucoup de tristesse et de colère.
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Servez-vous de l'histoire pour construire le personnage. Les monologues sont aussi une très bonne occasion de suspendre l'intrigue pour permettre au personnage principal de faire une révélation sur son passé, d'expliquer d'où il vient ou de raconter une anecdote le concernant. Si elle est bien placée et bien tournée, une histoire surprenante peut donner du sens à l'intrigue principale et nous faire voir le récit sous un autre angle.
- Le fait que Quint raconte comment il a survécu au naufrage de l'USS Indianapolis nous permet de voir son personnage différemment. S'il ne porte pas de gilet de sauvetage, c'est parce que cela lui rappelle ce traumatisme. Ce récit ne fait pas vraiment avancer l'action, mais il ajoute une nuance pathétique au personnage de Quint, qui était jusque-là perçu seulement comme une caricature de macho [2] X Source de recherche .
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N'abusez pas des points d'exclamation. Vous n'êtes pas obligé de crier pour que le récit soit intense. Personne n'a envie de voir une pièce ou un film dans lequel les personnages passent leur temps à se crier dessus. Vous devez donc apprendre que le meilleur moyen de créer une intensité dramatique, c'est de travailler sur les émotions. Vous devez éviter cet écueil propre aux jeunes auteurs qui les expriment trop.
- Les vrais conflits sont des tourbillons d'émotions. Les gens se fatiguent vite, ils ne peuvent pas hurler leur tourmente pendant plus d'une phrase. Travaillez sur la retenue, la tension sera encore plus perceptible si l'on sent que quelqu'un est en train de bouillir intérieurement, mais qu'il n'explose pas.
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Laissez aussi parler le silence. Les jeunes auteurs ont souvent tendance à trop en écrire. Lorsqu'ils écrivent une pièce, ils ont tendance à rajouter des phrases, des scènes et des personnages superflus. Faites l'effort de revenir en arrière pour ne garder dans votre pièce que les éléments de discours indispensables, notamment dans les monologues. Que pouvez-vous passer sous silence ?
- Regardez quelques-uns des sermons de la pièce ou du film Doute . Quand le prêtre fait un sermon sur les commérages, il n'entre pas dans les détails, puisqu'il fait face à toute une congrégation. Pourtant, le message qu'il cherche à faire passer à la religieuse avec laquelle il est en conflit est nettement compréhensible.
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Essayez de travailler sur un monologue tragique pour le transformer en monologue comique. Comment vous y prendriez-vous pour faire d'un des monologues d'Al Pacino dans Le temps d'un weekend un discours comique ? Comment feriez-vous si vous deviez réécrire l'histoire de Quint pour qu'il passe pour un menteur ? L'écriture comique est un exercice difficile, car elle s'appuie beaucoup plus sur la forme et beaucoup moins sur le fond.
- Pour vous entrainer, vous pouvez essayer de réécrire des monologues exprimant la colère pour en faire des textes comiques. C'est moins difficile qu'il n'y parait : la comédie et la tragédie partagent en réalité de nombreux points communs.
- Gabriel Davis est un dramaturge contemporain talentueux dont les pièces sont pleines d'humour et d'esprit et son humour est aussi présent dans le fond lui-même des pièces. On y rencontre par exemple une femme qui a mangé les papiers du divorce ou un homme qui décide de faire sa Bar Mitzvah à 26 ans. Analysez la façon dont cet auteur utilise régulièrement des monologues pour faire surgir un effet comique.
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Soyez complexe. Un bon monologue n'est pas forcément drôle ou sérieux de bout en bout. De la même manière que le niveau de colère doit varier dans une scène de conflit, vous pouvez glisser des pointes d'humour dans une situation d'ensemble tragique. Cela permettra de soulager un peu la tension tragique et donnera aux spectateurs le sentiment que les choses sont plus complexes qu'il n'y parait. Les bonnes comédies fonctionnent de cette façon.
- Les films de Martin Scorsese sont remarquables parce qu'ils alternent en permanence des passages drôles et des moments de tension intense. Le monologue de Jake Lamotta quand il se prépare à se transformer en Raging Bull est à la fois drôle et déchirant.
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Soyez drôle sans être ridicule. Dans les bons monologues comiques, on ne trouve pas d'humour vulgaire ou graveleux, sauf si le reste de la pièce l'exige d'une façon ou d'une autre. Construisez votre humour sur l'ironie, le sarcasme, il sera beaucoup plus intéressant et aura un meilleur impact sur le public.
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Commencez par le début et la fin. Avant d'écrire votre monologue, décidez quel sera son début et quelle sera sa fin, vous pouvez même commencer par écrire la première et la dernière phrase. Déterminez ensuite la longueur qu'aura votre monologue, puis lancez-vous dans l'écriture de ce qui se trouvera au cœur de celui-ci. Comment vous y prendriez-vous si vous deviez écrire les premières et les dernières lignes de monologues dont la première et la dernière phrase seraient les propositions suivantes ?
- Ton chien est mort. Arrête de sourire bêtement !
- C'est quoi le problème avec ta mère ? Je ne vais pas parler sur Skype alors qu'il y a un chat dans la pièce.
- Où est passé ce foutu moitié-moitié ? Oublie oublie, je vais prendre le cheval.
- Allez, juste cette fois. Je ne retournerai plus jamais à l'église.
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Conseils
- Opérez toujours des révisions sur votre texte. Entrainez-vous à lire à voix haute pour donner du sens aux paroles des personnages. Vérifiez qu'elles sonnent juste.
Avertissements
- La gestion du temps est cruciale. Développez votre monologue de façon judicieuse, sinon votre public risque de s'ennuyer.