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Le rastafari est un dialecte parlé principalement par les rastafaris jamaïcains. Le langage rastafari est plus facile à comprendre que le patois jamaïcain, car il s'agit d'un ensemble de jeux de mots avec l'anglais et non d'un dialecte entièrement différent comme l'est le patois jamaïcain  [1] . Le mouvement rastafari, qui a débuté dans les années 1930 en Jamaïque, tient ses bases dans des croyances positives comme l'unité, la paix et l'amour unique ( one love en anglais). Le langage rastafari est donc un miroir de ces croyances positives  [2] .

Partie 1
Partie 1 sur 3:

Comprendre les mots de base en rastafari

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  1. Le rastafari existe encore en tant que langue vivante, sa prononciation est donc très importante quand vous essayez de parler en rastafari.
    • En rastafari, on ne prononce pas le « h » des mots anglais. Ainsi, « thanks » devient « tanks », « three » devient « tree », etc.
    • De même, les rastafaris ne prononcent pas le « th » des mots anglais. Ainsi, « the » devient « di », « them » devient « dem » et « that » devient « dat ».
  2. En rastafari, « I and I », prononcé « aïe én' aïe », est une expression importante. Elle fait référence à l'unité de Jah (nom en rastafari de leur Dieu, l'empereur éthiopien Ras Tafari Haïlé Sélassié I  [3] ) en chaque personne. « I and I » est une expression renforçant la croyance de la religion rastafari que Jah existe en chacun d'entre nous et que tout le monde existe comme une seule et même personne, unifiée par Jah.
    • « I and I » peut être utilisé pour remplacer « you and I » (« toi et moi ») dans une phrase. Par exemple : « I and I going to de concert ». Cela veut dire que vous allez à un concert en compagnie d'une autre personne.
    • Mais cette expression peut aussi être utilisée pour parler de quelque chose que vous faites tout seul ou comme une abréviation de « me, myself and I ». Par exemple : « I and I going to de concert ». Cela veut dire que vous allez à un concert, tout seul  [4] .
    • « I » est aussi utilisé comme un jeu de mots avec certains mots en Anglais, comme « I man » pour « inner man », désignant un rastafari. Les rastas diront « Inity » plutôt que « unity ».
  3. La plupart des rastafaris n'utilisent pas certains mots de la langue anglaise, car ils auraient des connotations sataniques. Par exemple, le mot « hello » n'est pas utilisé, car il contient le mot « hell » (enfer) et « lo », similaire à « low » (bas, inférieur).
    • Pour dire « hello », dites : « Wa gwaan » ou « Yes I ».
    • Pour dire « goodbye », dites : « Me a go » ou « Lickle bit ».
    • Pour dire « thank you », dites : « Give thanks » ou « Praise Jah  [5]  ».
  4. Les rastafaris se décriront eux-mêmes ou parleront de leurs semblables comme des « rastas  [6] [7]  ».
    • « Jah Jah » est utilisé pour honorer Jah ou faire référence à Jah. Par exemple : « Jah Jah protect mi fram mi enemy dem ». En français, cela signifie : « Dieu, protège-moi de mes ennemis. »
    • « Dread » fait référence aux dreadlocks que les rastafaris portent comme pratique spirituelle. Ce terme est également utilisé pour parler de quelque chose ou de quelqu'un qui est rastafari ou vu comme quelque chose de positif.
    • Par exemple : « Dread, mon ». En français, cela veut dire : « Cool, mec ». Ou encore : « Natty dread ». En français, cela signifie : « T'es cool » ou « T'es un rasta ».
    • Les personnes qui n'ont pas de dreadlocks sont appelées « ball head » (« tête de ballon »), un jeu de mots avec l'expression « bald head » (chauve). Par exemple, dans sa chanson « Crazy Baldheads », Bob Marley chante  [8]  : « Wi guh chase dem crazy Ball head outta town ». Cela se traduit par : « Nous allons chasser ces fous sans dreads hors de la ville  [9] . »
  5. Ce sont des mots-clés en rastafari, car ils font référence à des concepts importants de la culture rastafari.
    • « Babylon » est un mot rastafari désignant la police, qui est vue par les rastas comme faisant partie du système gouvernemental corrompu. « Babylon », qui fait référence à la rébellion biblique des Hommes contre Dieu par le biais de la tour de Babel, peut aussi être utilisé pour décrire toute organisation ou toute personne qui opprime des innocents.
    • Par exemple : « Babylon deh cum, yuh hav nutten pan yuh ? » En français, cela se traduit par : « La police arrive, est-ce que tu as quelque chose sur toi ? »
    • « Politricks » est le terme rastafari pour dire « politique » ( politics en anglais). Les rastafaris sont généralement assez sceptiques vis-à-vis des figures d'autorité, dont les politiciens. Ils sont donc vus comme des manipulateurs ( tricksters en anglais) ou comme jouant des tours ( tricks en anglais).
    • « Irie » est l'un des mots les plus importants en rastafari. Il représente l'aspect positif de la culture rastafari et leur croyance que « tout est irie » (« everything irie ») ou que « tout va bien ».
    • Par exemple, « Mi nuh have nutten fi complain bout, mi life irie ». En français, cela se traduit par : « Je n'ai pas de quoi me plaindre, ma vie va bien. »
  6. La culture rastafari est centrée sur l'idée de l'unité entre tous. Les rastas font donc référence aux personnes comme leurs « Idren », une modification du mot anglais « children » (« enfants  [10] [11]  »).
    • Les rastas appellent les garçons « bwoy ». Une fille est appelée « gal ». Si un rasta demande quelque chose à propos des enfants d'un autre rasta, il fera référence aux enfants par « pickney » ou « gal pickney ».
    • Les rastas nomment les hommes adultes « bredren ». Les femmes adultes sont appelées « sistren ».
    • Un homme rasta parlera de sa femme ou de sa petite amie comme étant son « empress » (« impératrice ») ou « queen » (« reine »). Par exemple : « My cyaah cum tomorrow, mi a guh spen sum time wid mi empress ». Cela se traduit par : « Je ne peux pas venir demain, je vais passer du temps avec ma petite amie  [12] . »
  7. Les rastas remplacent les mots qui ont des sens négatifs comme « down » ou « under » (bas, en dessous) par « up » ou « out » (haut, dehors). Par exemple...
    • Les rastas diront « downpression » plutôt que de dire « oppression ». C'est parce qu’« op » correspond en rastafari à « up », donc « downpression » indique quelque chose qui maintient quelqu'un vers le bas.
    • Les rastas diront « overstanding » ou « innerstanding » plutôt que « understanding ».
    • Les rastas diront « outernational » plutôt que « international ». Cela montre le sentiment qu'ont les rastas que le reste du monde est en dehors de leur royaume ou de leur monde  [13] .
  8. Il existe des insultes aux sonorités bien particulières en rastafari. Elles font généralement référence à des blessures ou des fonctionnalités corporelles.
    • « Fiyah bun » est une expression qui est utilisée pour dénoncer quelque chose de fortement mauvais à propos de quelqu'un ou quelque chose.
    • Par exemple : « Fiyah bun babylon kaaz dem eva deh taament people. » Cela peut se traduire par : « Je dénonce la police parce qu'elle importune tout le temps les gens  [14] . »
    • « Bag o wire » est une expression désignant un « traitre ». Cela fait référence à un ami proche du leadeur politique Marcus Garvey qui a trahi ce dernier en révélant les détails de son plan de fuite  [15] .
    • Par exemple : « Mi nuh truss deh bredren deh kaaz him a bag o wire ». Cela peut se traduire par : « Je ne fais pas confiance à cet homme parce que c'est un traitre. »
    • « Bumba clot » ou « Rass clot » sont des jurons très violents en rastafari. « Clot » est considéré comme un gros mot et peut être relié au verbe « to clout » ou « to hit ou strike ». Cela peut aussi désigner un tampon usagé, c'est de là que vient le côté péjoratif du mot  [16] .
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Partie 2
Partie 2 sur 3:

Apprendre des phrases de base en rastafari

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  1. En rastafari, vous salueriez un ami dans la rue en disant « Bredren, wa gwaan ? »
    • L'autre rasta pourrait répondre par : « Bwai, ya done know seh mi deya gwaan easy ». Cela signifie : « Je reste simplement ici, tranquille. »
  2. En rastafari, vous demanderiez à quelqu'un d'où il vient par : « A weh ya baan ? »
    • L'autre pourrait répondre par : « Mi baan inna Kingston », ce qui peut se traduire par : « Je suis né à Kingston. »
  3. Un rastafari terminera une conversation usuelle par...
    • « Yeh man, lickle more, seen ? » Cela peut se traduire par : « D'accord, à plus tard ».
    • L'autre pourrait répondre ensuite par : « Lickle more ». Cela veut dire : « Oui, à plus tard ».
    • Une conversation en rastafari pourrait donner quelque chose comme cela...  [17]
    • « Bredrin, wa gwaan ? »
    • « Bwai, ya done know seh mi deya gwaan easy. »
    • « Yes I, a so it go still. Not 'n na gwaan, but we a keep di faith, nuh true ? »
    • « True. How de pickney dem stay ? »
    • « Bwai, dem aright. »
    • « Yeh man, lickle more, seen ? »
    • « Lickle more ».
    • La traduction en français de cela serait :
    • « Salut, quoi de neuf ? »
    • « Pas grand-chose, je traine. »
    • « Ouais, je comprends. Les temps sont durs, mais il faut qu'on garde la foi, n'est-ce pas ? »
    • « Ouais. Comment vont tes enfants ? »
    • « Ils vont bien. »
    • « Super, à plus tard. »
    • « À plus tard. »
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Partie 3
Partie 3 sur 3:

Comprendre la culture rastafari

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  1. La langue rastafari s'est développée au sein du mouvement rastafari, un mouvement religieux et social basé en Jamaïque. Bien que le mouvement soit très peu organisé, les rastafaris sont unis par différentes croyances très fortes  [18]  :
    • la croyance en la beauté de l'héritage culturel des personnes noires d'Afrique ;
    • la croyance dans le fait que Ras Tafari Haïlé Sélassié I, empereur d'Éthiopie, soit le messie de la Bible. Il est aussi appelé le « lion conquérant de la tribu de Judas ». C'est pour cela que le lion est vu comme un symbole puissant par les rastafaris ;
    • la croyance au retour en Éthiopie, aussi désigné par « Zion » par les rastas, le véritable foyer de la rédemption du peuple noir ;
    • la croyance en l'éventuelle chute de « Babylon », le monde corrompu de l'homme blanc et un retournement de la structure hiérarchique de l'esclave et du maitre.
  2. La Bible est le principal texte sacré des rastafaris. Cela explique pourquoi les paroles de Bob Marley, par exemple, sont pleines de références bibliques à l'exode et à la terre promise  [19] .
    • Les rastas donnent beaucoup de crédit à l'étude de la Bible et citent et discutent régulièrement de passages des écritures. Ils pensent que les écritures racontent la véritable histoire de l'homme noir. Ils pensent aussi que les religieux chrétiens ont fait prendre le mauvais chemin aux gens en donnant des interprétations incorrectes de la Bible, tout particulièrement en l'utilisant pour justifier l'esclavage.
    • Les rastas font aussi référence à d'autres documents officiels comme « la Clé promise » et « le Testament vivant de rasta-for-I ». Mais la plupart des universitaires s'accordent sur le fait qu'aucune doctrine centrale n'existe chez les rastafaris, car les rastas sont contre le fait de suivre des systèmes organisés ou des écoles de pensée. À la place de cela, les rastas pensent que chaque personne devrait s'investir dans la réflexion et l'interprétation de ses expériences pour ensuite former ses convictions personnelles à propos des croyances rastas.
  3. Les rastas se servent du mot « I-tal » pour parler de la nourriture qui se trouve dans son état naturel. Les aliments « I-tal » n'ont pas été touché par les produits chimiques modernes et ne contiennent aucun conservateur, aucune épice et pas de sel  [20] .
    • La plupart des rastas suivent la pratique « I-tal » et certains d'entre eux sont végétariens. Les rastas carnivores évitent généralement de manger du porc, car les cochons sont vus comme des charognards.
    • L'alcool, le café, le lait et les boissons contenant des additifs comme les sodas sont également considérés comme n'étant pas « I-tal ».
    • Souvent, les rastas diront : « Man a rasta man, mi only nyam ital food ». Cela peut se traduire par : « Je suis un rastafari, je ne mange que des aliments naturels  [21] . »
  4. Nous connaissons tous l'image très répandue du rasta avec des dreadlocks qui fume de l'« herbe », comme ils l'appellent. En plus de se faire sentir « irie », le fait de fumer de la marijuana ou « ganja » joue un rôle important dans la vie des rastafaris. Cela est considéré comme un rituel sacré dans la culture rasta.
    • Pour les rastas, « l'herbe sacrée » est très estimée pour ses vertus physiques, psychologiques et thérapeutiques  [22] .
  5. Les rastas considèrent la vie comme étant une « everliving life » plutôt qu'une « everlasting life » (« vie durant éternellement » en français). Ils ne croient pas en la fin de la vie, ni à une « dernière » partie de la vie. À la place, les rastas croient en une vie vécue continuellement, ce qui peut s'approcher d'une vision d'une vie immortelle  [23] .
    • Cela ne veut pas forcément dire que les rastas croient qu'ils vivront pour toujours. Mais ils pensent qu'une vie « durant éternellement » est une vision négative par rapport au fait de vraiment vivre sa vie de façon entière  [24] .
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Conseils

  • Écoutez des artistes de reggae comme Bob Marley and the Wailers  [25] , Pato Banton  [26] , Patra  [27] et Damian Marley  [28] pour vous habituer à la prononciation et à la culture rastafari. Faites bien attention aux paroles des chansons et essayez de reconnaitre certains mots ou expressions de base.
  • Il existe également des cours d'apprentissage du jamaïcain disponibles en vidéo en ligne. Comme le rastafari est un langage parlé, écouter des Jamaïcains parler cette langue peut aider à sentir le rythme et le ton des mots rastafaris.
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Avertissements

  • Certains Jamaïcains qui vous entendront parler rastafari vous prendront pour un imposteur, quelqu'un essayant de faire comme s'il était quelque chose qu'il n'est pas, surtout si vous êtes blanc. Essayez de parler rastafari à des Jamaïcains dans un bar ou un café jamaïcain et voyez leur réaction. Gardez à l'esprit que certaines personnes dans ces établissements peuvent mal prendre que vous essayiez de parler rastafari et peuvent même se sentir insultés par cela. Préparez-vous donc à vous prendre des brimades par les vrais Jamaïcains, mais cela devrait rester bon enfant.
  • Autrement, vous pouvez essayer votre rastafari avec un ami jamaïcain patient.
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